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THÉORIE DE LA TERRE.

deurs de sa superficie, et toutes les boursouflures et cavités de son intérieur, surtout dans les parties voisines de la surface. Plusieurs de ces cavernes produites par le feu primitif, après s’être soutenues pendant quelque temps se sont ensuite fendues par le refroidissement successif, qui diminue le volume de toute matière ; bientôt elles se seront écroulées, et par leur affaissement elles ont formé les bassins actuels de la mer, où les eaux, qui étoient autrefois très élevées au dessus de ce niveau, se sont écoulées et ont abandonné les terres qu’elles couvroient dans le commencement : il est plus que probable qu’il subsiste encore aujourd’hui dans l’intérieur du globe un certain nombre de ces anciennes cavernes, dont l’affaissement pourra produire de semblables effets, en abaissant quelques espaces du globe, qui deviendront dès lors de nouveaux réceptacles pour les eaux ; et dans ce cas, elles abandonneront en partie le bassin qu’elles occupent aujourd’hui, pour couler par leur pente naturelle dans ces endroits plus bas. Par exemple, on trouve des bancs de coquilles marines sur les Pyrénées jusqu’à quinze cents toises de hauteur au dessus du niveau de la mer actuel, il est donc bien certain que les eaux, dans le temps de la formation de ces coquilles, étoient de quinze cents toises plus élevées qu’elles ne le sont aujourd’hui ; mais lorsqu’au bout d’un temps les cavernes qui soutenoient les terres de l’espace où gît actuellement l’Océan Atlantique se sont affaissées, les eaux, qui couvroient les Pyrénées et l’Europe entière, auront coulé avec rapidité pour remplir ces bassins, et auront par conséquent laissé à découvert toutes les terres de cette partie du monde. La même chose doit