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THÉORIE DE LA TERRE.

pas vu, ne peuvent que faire naître un doute léger : c’est pour cette raison, et parce que la force de l’analogie m’y contraint, que je persiste à croire qu’on trouvera des coquilles sur les montagnes du Pérou, comme on en trouve presque partout ailleurs, surtout si on les cherche sur la croupe de la montagne, et non pas au sommet.

Les montagnes les plus élevées sont ordinairement composées, au sommet, de roc vif, de granite, de grès, et d’autres matières vitrifiables, qui ne contiennent que peu ou point de coquilles. Toutes ces matières se sont formées dans les couches du sable de la mer qui recouvroient le dessus de ces montagnes. Lorsque la mer a laissé à découvert ces sommets de montagnes, les sables ont coulé dans les plaines, où ils ont été entraînés par la chute des eaux, des pluies, etc., de sorte qu’il n’est demeuré au dessus des montagnes que des rochers qui s’étoient formés dans l’intérieur de ces couches de sable. À 200, 300, ou 400 toises plus bas que le sommet de ces montagnes, on trouve souvent des matières toutes différentes de celles du sommet, c’est-à-dire des pierres, des marbres, et d’autres matières calcinables, lesquelles sont disposées par couches parallèles, et contiennent toutes des coquilles et d’autres productions marines : ainsi il n’est pas étonnant que M. de La Condamine n’ait pas trouvé de coquilles sur ces montagnes, surtout s’il les a cherchées dans les lieux les plus élevés, et dans les parties de ces montagnes qui sont composées de roc vif, de grès, ou de sable vitrifiable ; mais au dessous de ces couches de sable et de ces rochers qui font le sommet, il doit y avoir, dans les Cordilières, comme