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THÉORIE DE LA TERRE.

il est évident, pour tous les gens qui se donneront la peine d’observer, que l’arrangement de toutes les matières qui composent le globe est l’ouvrage des eaux. Il n’est donc question que de savoir si cet arrangement a été fait dans le même temps : or nous avons prouvé qu’il n’a pu se faire dans le même temps, puisque les matières ne gardent pas l’ordre de la pesanteur spécifique, et qu’il n’y a pas eu de dissolution générale de toutes les matières ; donc cet arrangement a été produit par les eaux, ou plutôt par les sédiments qu’elles ont déposés dans la succession des temps : toute autre révolution, tout autre mouvement, toute autre cause, auroit produit un arrangement très différent. D’ailleurs, un accident particulier, une révolution, ou un bouleversement, n’auroit pas produit un pareil effet dans le globe tout entier ; et si l’arrangement des terres et des couches avoit pour cause des révolutions particulières et accidentelles, on trouveroit les pierres et les terres disposées différemment en différents pays, au lieu qu’on les trouve partout disposées de même par couches parallèles, horizontales, ou également inclinées.

Voici ce que dit à ce sujet l’historien de l’Académie[1].

« Des vestiges très anciens et en très grand nombre d’inondations qui ont dû être très étendues, et la manière dont on est obligé de concevoir que les montagnes se sont formées, prouvent assez qu’il est arrivé autrefois à la surface de la terre de grandes révolutions. Autant qu’on en a pu creuser, on n’a presque vu que des ruines, des débris, de vastes décombres

  1. Année 1718, pages 3 et suiv.