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THÉORIE DE LA TERRE.

la plupart des éminences qui sont à la surface du globe ; par exemple, on a trouvé que les plus hautes montagnes de la Suisse sont élevées d’environ seize cents toises au dessus du niveau de la mer plus que le Canigou, qui est une des plus hautes des Pyrénées[1]. Il paroît que ce sont les plus hautes de toute l’Europe, puisqu’il en sort une grande quantité de fleuves, qui portent leurs eaux dans différentes mers fort éloignées, comme le Pô, qui se rend dans la mer Adriatique ; le Rhin, qui se perd dans les sables en Hollande ; le Rhône, qui tombe dans la Méditerranée ; et le Danube, qui va jusqu’à la mer Noire. Ces quatre fleuves, dont les embouchures sont si éloignées les unes des autres, tirent tous une partie de leurs eaux du mont Saint-Gothard et des montagnes voisines ; ce qui prouve que ce point est le plus élevé de l’Europe.

Les plus hautes montagnes de l’Asie sont le mont Taurus, le mont Imaüs, le Caucase, et les montagnes du Japon. Toutes ces montagnes sont plus élevées que celles de l’Europe ; celles d’Afrique, le grand Atlas, et les monts de la Lune sont au moins aussi hautes que celles de l’Asie ; et les plus élevées de toutes sont celles de l’Amérique méridionale, surtout celles du Pérou, qui ont jusqu’à 3000 toises de hauteur au dessus du niveau de la mer. En général, les montagnes entre les tropiques sont plus élevées que celles des zones tempérées, et celles-ci plus que celles des zones froides ; de sorte que plus on approche de l’équateur, et plus les inégalités de la surface de la terre sont grandes. Ces inégalités, quoique fort considérables par rapport à nous, ne sont rien quand on les considère

  1. Voyez l’Histoire de l’Académie, 1708, page 24.