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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

lui qui les environnoit immédiatement ; les torrents, les ruisseaux, en se précipitant du haut de ces montagnes, auront entraîné ces sables dans les vallons, dans les plaines, et en auront conduit une partie jusqu’à la mer ; de cette façon le sommet des montagnes se sera trouvé à découvert, et les noyaux déchaussés auront paru dans toute leur hauteur[1]. C’est ce que nous appelons aujourd’hui des pics ou des cornes de montagnes, et ce qui a formé toutes ces éminences

  1. J’ai tâché d’expliquer comment les pics des montagnes ont été dépouillés des sables vitrescibles qui les environnoient au commencement, et mon explication ne pèche qu’en ce que j’ai attribué la première formation des rochers qui forment le noyau de ces pics à l’intermède de l’eau, au lieu qu’on doit l’attribuer à l’action du feu ; ces pics ou cornes de montagnes ne sont que des prolongements et des pointes de la roche intérieure du globe, lesquelles étoient environnées d’une grande quantité de scories et de poussière de verre ; ces matières divisées auront été entraînées dans les lieux inférieurs par les mouvements de la mer dans le temps qu’elle a fait retraite, et ensuite les pluies et les torrents des eaux courantes auront encore sillonné du haut en bas les montagnes, et auront par conséquent achevé de dépouiller les masses de roc vif qui formoient les éminences du globe, et qui, par ce dépouillement, sont demeurées nues et telles que nous les voyons encore aujourd’hui. Je puis dire en général qu’il n’y a aucun autre changement à faire dans toute ma Théorie de la terre, que celui de la composition des premières montagnes qui doivent leur origine au feu primitif, et non pas à l’intermède de l’eau, comme je l’avois conjecturé, parce que j’étois alors persuadé, par l’autorité de Woodward et de quelques autres naturalistes, que l’on avoit trouvé des coquilles au dessus des sommets de toutes les montagnes : au lieu que, par des observations plus récentes, il paroît qu’il n’y a pas de coquilles sur les plus hauts sommets, mais seulement jusqu’à la hauteur de deux mille toises au dessus du niveau des mers, d’où il résulte qu’elle n’a peut-être pas surmonté ces hauts sommets, ou du moins qu’elle ne les a baignés que pendant un petit temps, en sorte qu’elle n’a formé que les collines et les montagnes calcaires, qui sont toutes au dessous de cette hauteur de deux mille toises. (Add. Buff.)