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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

faciles à égoutter, ou bien encore de vastes « brûlés » où les arbres

sont déracinés et jetés à la renverse. Chose remarquable ; en très peu d’endroits la terre paraît avoir souffert des ardeurs de l’incendie, l’humus y est parfaitement intact et d’une profondeur dépassant partout 6 à 8 pouces ; cette riche couche de terre noire repose toujours sur une terre grise très friable et douée elle-même d’une grande fertilité. Dès la première année on enlève facilement toutes les souches qui sont, du reste, peu nombreuses, et sur les fermes ouvertes le printemps, la moissonneuse se promène à l’automne à travers de beaux champs d’épis.

« Le climat est favorable à la culture de toute espèce de céréales et ne présente pas de différence avec celui d’Ottawa, si ce n’est que les chaleurs de l’été y sont délicieusement tempérées par le voisinage des grandes eaux…

« Le réseau des chantiers qui entoure le lac et qui, chaque année va s’élargissant vers le haut des nombreux tributaires, assure progressivement à l’habitant du Témiscamingue un marché plus avantageux que celui des grandes villes. Ainsi, dès la première année, le pauvre colon se voit récompensé de ses labeurs, et, après deux ans d’économie, l’aisance est assise à son foyer.

« Le gouvernement a fait bâtir à Témiscamingue un excellent moulin à farine. Deux bateaux à vapeur de bonne dimension font le service du lac sur un parcours de 80 milles, sans compter trente milles sur la rivière Blanche, à travers les terrains les plus fertiles qu’il y ait dans tout le Canada.

« Le canton Duhamel est déjà comparativement avancé en colonisation. Depuis un an surtout que le gouvernement de Québec l’a fait arpenter, les colons s’y portent avec entrain. Le fait est que la terre est de première qualité, arrosée çà et là par de jolis petits ruisseaux, et exposée en pente douce au soleil du midi. Les grains y mûrissent à merveille. De presque tous les points on y jouit de la vue du lac, qui apparaît comme une véritable mer. Le canton est traversé par une route voiturable qui part du Témiscamingue et va rejoindre le grand lac des Quinze, vers le nord, à 27 milles