Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/186

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revêtus à profusion de cèdres et de sapins, et présentant toutes les formes possibles de la beauté pittoresque ; pendant que, çà et là, de larges baies découpent le rivage jusqu’à des profondeurs telles que de grandes flottes pourraient y trouver un mouillage, sans qu’on pût les apercevoir à travers l’infini labyrinthe des îles. En dehors des baies, le cours proprement dit de la rivière ressemble plutôt à une passe étroite n’ayant pas plus de deux à trois cents pieds de largeur, encaissée entre des falaises gigantesques de granit, sans rivages.

À la sortie de chaque passe nouvelle et chaque fois que l’on pénètre dans un bassin nouveau, il semble que les îles deviennent de plus en plus nombreuses, les baies de plus en plus variées. Ce spectacle est d’une beauté magique telle, les défilés, les bassins et les baies offrent une variété d’aspects si inattendue, si saisissante, qu’on croit avoir devant les yeux un décor féérique à chaque instant renouvelé, et la pensée se reporte naturellement au panorama des « Mille Îles » du St. Laurent. Celui-ci reste néanmoins, comme effet et comme enchantement, bien au-dessous de celui qu’offre, dans ses lointaines et obscures retraites, l’admirable, poétique et solitaire rivière des Français.