Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/245

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monastère, et que l’on a entouré et décoré de tout ce que la piété ingénue et les modiques ressources d’un pareil lieu peuvent offrir pour un jour de grande solennité. Les sons de l’harmonium, que presse un frère convers, envahissent et font trembler la voûte du fragile édifice, pendant que des centaines de voix répondent à la voix du prêtre qui vient d’entonner la grand’messe.

Tous n’ont pu trouver place dans l’étroit intérieur, mais tous sont présents d’esprit à l’autel et tous peuvent entendre les deux sermons, qui sont prêchés, l’un en algonquin pour les sauvages, et l’autre en français pour les colons. Puis, la messe finie, l’assistance s’ébranle ; chacun prend rang pour la procession qui va commencer aussitôt, bannières déployées, sur un chemin jonché de fleurs, les petites filles en tête suivies par les femmes, celles-ci par les garçons, et les hommes venant en dernier lieu, précédant l’évêque, qui porte le Saint Sacrement sous un dais soutenu par quatre porteurs. On gravit lentement le large sentier ouvert par les Oblats sur le flanc de la colline, et que borde, d’un côté, une haie touffue d’érables, et, de l’autre, une ceinture d’énormes rochers roulés, assujétis et retenus les uns à côté des autres par un prodige de travail, d’audace et de persévérance.

Parvenue au sommet de la colline, la procession