Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il est temps de revenir à la Mission et de lui faire nos adieux, d’autant plus que nous pensons bien avoir été le dernier voyageur en quête de renseignements qui l’ait visitée avant le départ définitif des Religieux pour la baie des Pères.


V


Ce que l’on éprouve dès les premiers instants que l’on passe à la Mission, c’est une tendance irrésistible à la contemplation, au recueillement. On se sent là comme arrivé subitement dans un autre monde et l’on est saisi par les étranges sensations de l’inconnu. Cette maison solitaire, enveloppée dans son silence, et qui semble inhabitée tout en gardant l’apparence de la vie, pendant qu’au loin, aussi loin que le regard peut atteindre, tout est également tranquille, profond, imperturbable, porte au cerveau et au cœur une singulière impression de délaissement dans l’espace désert et muet. Mais l’âme bientôt est doucement ramenée à elle. La bonne, tendre et maternelle nature lui sourit. Grande, immense, elle est devant le regard, mais on plonge avec délice dans cette immensité dont rien n’altère la sereine mansuétude. L’homme, en présence de l’impénétrable nature, pleine à la fois de secrets et de tendresses