Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Or, rien n’est plus difficile, dans un immense pays comme le nôtre, couvert en majeure partie de forêts où un grand nombre d’indiens, et même de Canadiens vivant de la vie des bois, n’ont pas d’autre moyen de subsistance que la chasse. Il faudrait toute une armée de gardes-forestiers ! comme dit M. Montpetit. Reconnaissons toutefois que l’éveil a été donné, que les clubs de chasse font des efforts très louables et que les mesures prises par l’autorité, dans ces années dernières, ont eu une efficacité réelle dans un certain nombre de cas.

Ce n’est pas la chasse proprement dite qui dépeuple nos forêts, mais c’est l’extermination, fruit de la recherche effrénée du lucre et du gain :

« Depuis le premier instant que les Européens se sont établis dans le Canada, » dit le célèbre explorateur Alexandre Mackenzie, à la première page de son journal, « le commerce des pelleteries est devenu de la plus grande importance pour cette colonie. Les naturels étaient alors en si grand nombre, qu’encouragés par les colons à poursuivre les animaux dont la fourrure était précieuse, ils en eurent bientôt détruit l’espèce autour des nouveaux établissements. Ils avaient, à la vérité, fait autrefois la chasse à ces animaux ; mais ils ne tuaient que ceux dont la chair leur était nécessaire pour se nourrir, et la peau pour se vêtir.

« Les colons ne tardèrent pas à engager les naturels qui vivaient dans leur voisinage, à pénétrer dans l’intérieur du pays. Quelques-uns d’entre eux accompagnèrent même souvent des partis de chasseurs, et ils trouvèrent moyen d’accoutumer les tribus sauvages les plus éloignées de leurs établissements, à venir y vendre des pelleteries. »