Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

ble domaine, qui sera, un jour, la base d’appui, la force et la gloire de notre nationalité. Le Nord était bien loin d’être alors ce qu’il est devenu depuis, loin surtout de promettre ce qu’il nous assure aujourd’hui pour l’avenir. Voilà pourquoi je me suis vite convaincu de mon impuissance à remplir la tâche que j’avais osé entreprendre, en présence des développements inattendus qu’avait pris si rapidement mon sujet, des développements illimités auxquels il se prête, et du cadre trop vaste qu’il impose à la pensée et au pinceau de celui qui veut en offrir un tableau ni trop disproportionné ni trop insuffisant.

Il y a encore que, dans un pays comme le nôtre, dans tous les jeunes pays d’Amérique au reste, où chacun cherche sa voie, où les destinées ultérieures ne sont ni aperçues ni même soupçonnées, chacun se sent pris dès l’adolescence d’une fièvre d’action, d’un besoin de vie publique qui l’entraîne incessamment au dehors, qui le sollicite en tous sens à se mêler au mouvement général, et que cette attraction, continuellement exercée, développe chez lui un goût d’action qui laisse peu de loisir pour concevoir, mûrir et enfin exécuter une œuvre de longue haleine.

Néanmoins, comme ne saurait être stérile l’effort qui porte en soi un objet louable et surtout patriotique, comme le grain de sénevé emporté par le vent germe