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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

Il ne faudrait pas moins de deux cents ans pour rétablir les choses dans la situation où elles étaient avant ces sauvages destructions. Il eût été si facile, si sage, au point de vue de l’intérêt bien entendu du pays, de s’en faire une source de revenus à la fois certains, réguliers, abondants !

Ce n’est pas là la seule calamité qui afflige l’Ohio ; il y a des rivières qui ont diminué, d’autres qui sont entièrement taries. Les forêts n’arrêtant plus l’écoulement des eaux, aux époques de grandes pluies, elles se précipitent avec une rapidité effrayante vers l’artère principale, qui gonfle outre mesure et occasionne souvent de désastreuses inondations.

On se rappelle les catastrophes épouvantables dont le nord ouest des États-Unis a été la victime, il y a quelques années à peine, par le débordement des rivières qui se déversent dans la vallée du Mississippi. L’Ohio et ses affluents étaient sortis de leur lit et atteignaient des hauteurs inconnues de mémoire d’homme. Non seulement des centaines de milles étaient submergés, des campagnes dévastées, des villages détruits, des bestiaux noyés et des populations cernées sur des points isolés où il était extrêmement difficile et dangereux de leur porter secours, mais encore des villes considérables étaient désolées par un fléau tel qu’elles n’en avaient jamais vu. À Cincinnati, la rivière avait monté de soixante pieds