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On leur disait : « Vous n’avez pas le droit de vendre le bois qui est sur vos lots, vous n’avez que le droit de le brûler pour faire des défrichements. » Alors ces malheureux qui, souvent sans aucun moyen d’existence, se voyaient frustrés, au profit d’un riche concessionnaire, de la seule ressource qui leur eût permis d’attendre un an ou deux le produit de leur défrichement, accablés de découragement et poussés aux dernières extrémités de la fureur et du désespoir, étaient prêts à commettre des actes d’un vandalisme épouvantable qui eussent coûté des millions à la province et consommé la ruine de nos forêts.

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Mais les conditions de l’établissement du pays sont bien changées depuis l’adoption, en 1888, de la loi Duhamel qui a mis fin à de nombreux abus, en a corrigé d’autres et a introduit dans la législation un esprit nouveau, bien autrement large et bienfaisant.


IX


Depuis 1888, tout ce qu’il est humainement possible de faire a été fait pour améliorer le sort du colon. On a multiplié pour lui les encouragements et facilité sa tâche par tous les moyens à la disposition du gouvernement. On a fait en sa faveur une législation en quelque sorte privilégiée ; on l’a mis à l’abri des vexations, des évictions, des exécutions judiciaires qui auraient eu pour effet de le réduire à l’impuissance et au dénûment : enfin, on a agrandi considérablement le