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confinant à la rivière étaient venus s’ajouter d’autres rangs dans l’intérieur, parallèlement au premier, au fur et à mesure que la population s’était accrue.


XI


La cession du Canada à l’Angleterre, en 1763, ayant amené une longue série d’années de paix, les générations s’étaient succédé dans ce cadre étroit et avaient fini par en occuper jusqu’à la dernière parcelle.

« Les habitants, trop pressés sur un domaine insuffisant, durent chercher de nouveaux héritages. Mais où les trouver ? Les rives du fleuve et de ses affluents navigables étaient occupées ; comment, sans chemins, sans voies de communication, s’établir dans l’intérieur ? L’agriculteur ne peut, comme le forestier, pénétrer seul dans le désert ; il doit rester en communication directe avec le consommateur de ses produits, et la population croissante demeurait ainsi enfermée dans cet embarrassant dilemme ; la nécessité d’élargir un domaine trop étroit, et l’impossibilité d’en sortir… » (Gailly de Taurines, La Nation Canadienne, page 119).

Pendant ce temps, les États-Unis, où les terres se donnaient pour rien, attiraient la légion des travailleurs fuyant les centres trop peuplés du vieux continent. Le Nord-Ouest, qui devient rapidement le grenier du monde, était encore inconnu, ou, du moins, regardé comme inaccessible et inculte, à cause de son éloignement et de son climat. Du reste, il était sous la domination d’une puissante compagnie, qui se le