Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/219

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Néanmoins la tentative a déjà été faite, il y a deux ans, par un petit groupe d’hommes ayant l’intelligence des conditions nouvelles du commerce et un instinct sûr de l’avenir. Ces quelques hommes ont mis ensemble leurs capitaux et ont résolu de tenter à eux seuls, en présence des gigantesques usines américaines et sans redouter leur concurrence, de se frayer un chemin et de conquérir une position importante dans le développement de la nouvelle industrie.

La compagnie de pulpe de Chicoutimi était dès lors fondée, et le choix était fait de Chicoutimi, petite ville de 4000 âmes et centre d’affaires de toute la région du Saguenay, pour être le siège de ses premières opérations.

La rivière Chicoutimi, à proximité de la ville, forme une chute dont l’énergie est évaluée à 25,000 chevaux. C’est sur une île, pittoresquement taillée dans le roc au beau milieu du torrent, que la compagnie de pulpe de Chicoutimi a bâti ses usines et installé les machines les plus parfaites du genre. Elle a débuté avec un capital de 50,000 dollars, qui, bientôt insuffisant, a dû être porté au chiffre de 120,000. La langue française est la seule en usage dans tout l’établissement, pour quelques fins que ce soit. Le sceau officiel de la compagnie lui-même, figurant un castor entouré d’une guirlande de feuilles d’érable, est en français, comme pour braver le préjugé qui impose l’étiquette anglaise à tous les produits, et la langue anglaise à toutes les opérations commerciales. Toutes les écritures, règlements, affichage, tenue de livres, se font en français. Le capital social, sous-