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la province de Québec

Pour les statistiques mêmes de l’industrie forestière, le gouvernement devait s’en rapporter uniquement à la bonne foi de l’exploitant et au contrôle indirect qu’offrait le comptage des billots, opéré lors du passage de ces derniers dans les glissoires, estacades et autres travaux de flottage, construits par le gouvernement fédéral sur la plupart des grandes rivières. Mais, depuis 1893, il existe une organisation de gardes-forestiers au service de l’administration publique. Cette institution n’a pas donné d’abord des résultats bien satisfaisants, à cause des nombreuses imperfections dont elle était entachée ; mais le commissaire actuel des Terres, Forêts et Pêcheries, l’honorable M. Parent a apporté de sérieuses modifications à ce système, et l’a, en quelque sorte, entièrement remodelé. Il en est résulté qu’il est devenu possible aujourd’hui de faire entrer au trésor public des sommes considérables qui, autrement, eussent été infailliblement perdues.

De même, par une loi de la législature provinciale, sanctionnée en 1883, il a été pourvu à un système de protection devant sauvegarder notre domaine forestier des ravages des incendies. Jusque-là rien n’avait été fait dans ce sens, malgré les pertes énormes que le pays subissait par suite de ces conflagrations qui prenaient parfois les proportions de véritables calamités. Allumé par l’imprévoyance du passant, l’étincelle de la locomotive, l’imprudence ou l’impatience de quelque bûcheron, l’incendie se propageait sans obstacle sur des centaines de lieues. Toute la région du Saguenay, qui renferme près de 20,000,000 d’acres en superficie, a été ainsi dévastée, il y a près