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LA LANTERNE


No 9




Quel jour pour moi que le dimanche ! jour de travail tranquille et de solitude aimée. Pas de roulement de voitures, pas de va-et-vient, tous ceux qui passent vont du même côté, se rendent tous au même endroit. Je regarde défiler leur silencieuse procession, et pensif, recueilli, je prépare ma Lanterne.

Que ceux qui en seront scandalisés me le pardonnent en considération de mes remords.

Si je fais la Lanterne le dimanche, je m’en repens invariablement le jeudi, jour où elle paraît.

Mettons-nous à la fenêtre, et regardons.

Je vois des gens très-petits qui portent avec effort de très-gros livres de prières, visibles à trois cents pas, et qui se rendent à la messe à l’heure où il y a le plus de monde dans les rues.

Cela ne suffit pas pour gagner le ciel, à moins qu’on n’y joigne l’intention bien arrêtée de lorgner, durant l’office divin, toutes les jeunes filles qui sont à droite et à gauche de soi.

Il est parfaitement orthodoxe de lorgner à l’église depuis que l’église est devenue un théâtre, depuis que la Minerve publie des programmes de concerts donnés à la cathédrale, et depuis que les révérends Pères Jésuites ont inauguré leur nouveau temple par des représentations.