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La moitié de cette somme dépensée en écoles aurait suffi pour empêcher la révolution, en rendant le despotisme et l’obscurantisme impossibles.

Voici que la Minerve se place au premier rang des défenseurs de l’Institut-Canadien. Jugez-en par ce qu’elle disait le 13 novembre.

« Blâmons-nous les sociétés religieuses de cette ville qui recherchent la publicité des journaux anglais et qui s’y font des réclames ?

Est-ce que le Nouveau-Monde veut défendre tous rapports entre les gens de croyances différentes ? Mais alors pourquoi expose-t-il sa foi à recevoir des annonces de maisons protestantes ? pourquoi cherche-t-il à se mettre en bons rapports avec les maisons protestantes qui lui fournissent son papier et ses presses ? »

Je vois bien pourquoi on me reprochait, à moi et à l’Institut, de recevoir des secours des protestants. Les Jésuites voulaient garder tout cela pour eux. Les sœurs vont quêter chez les protestants ; les Jésuites leur prennent un écu en échange d’une comédie jouée dans le bas de leur église ; les malades catholiques vont absorber la soupe protestante, les médicaments et les soins protestants à l’hôpital anglais, et on me reproche à moi de vouloir leur vendre ma Lanterne ! Faut-il donc que j’endosse la soutane, ou que je m’habille en sœur noire ou grise, pour avoir droit à ma part de l’argent protestant ?

Le câble transatlantique va incessamment être excommunié. Il vient d’annoncer que des évêques et des cardinaux, réunis à Rome, sont convenus de proposer au concile œcuménique le mariage des prêtres.

Si le confessionnal survit au célibat des prêtres, la plus franche portion du beau sexe sera écrémée par les jeunes abbés. Les militaires eux-mêmes seront supplantés. Hâtez-vous, gardons, mes amis, de planter votre tente et d’y loger une femme, car vous n’aurez bientôt plus d’atout qui tienne contre le confessionnal de vos rivaux.

« L’attitude du clergé espagnol est toujours très-rassurante, » dit un article étranger cité par la Minerve, « j’allais dire trop rassurante  ; il s’exécute en effet, ou se laisse exécuter de si bonne grâce, qu’on serait tenté de craindre un retour offensif, — quand l’occasion lui semblera favorable. C’est son droit. »

C’est son droit me remplit d’une joie ineffable.

Du reste, le clergé de tous les pays a cela de particulier, qu’il exerce le droit de changer avec tous les gouvernements. Ainsi, l’archevêque de Paris, Sibour, acclamait la république de « 48 », et le lendemain chantait des Te Deum à l’empire.

De même, l’évêque de Québec, Plessis, recevait une pension de mille louis du gouvernement anglais, et prononçait ces paroles à l’occasion du service funèbre de l’évêque Briand, le 27 juin 1794 :