Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/16

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ne peut les déchiffrer et, par suite, encore bien moins se les approprier.

3o. Mon allié ne dérobe pas davantage à la Minerve ses informations, à moins qu’il ne lui ait pris celle où la Déesse a puisé que le nommé Daniel Drew (qui est un bateau à vapeur,) s’est crevé en se heurtant contre un roc — Dans ce cas mon allié aurait eu tort.

4o. Le Nouveau-Monde ne peut pas mentir pour soutenir n’importe quoi, attendu que le Nouveau-Monde étant inspiré à la source de toute vérité, le mensonge lui est impossible. La Minerve sachant cela et disant sciemment tout le contraire de mon allié, doit être elle-même, et elle seule, convaincue de fausseté, accusation qui ne lui fait plus d’effet aujourd’hui, mais qui ne perd pas de sa justesse pour tout cela.

5o. Mon allié ne peut pas être accusé d’avoir englouti son capital et les générosités qu’on lui a faites, parce que tous les biens de la terre étant méprisables et la pauvreté étant agréable à Dieu, le plus tôt le Nouveau Monde engloutira le reste de son capital, le plus tôt il rentrera dans la pensée de ses fondateurs.

Maintenant que j’ai lavé mon allié de ces cinq premières accusations, je lui retire mon appui pour le reste. Je ne me sens pas capable de réfuter les autres chefs, tous portés par la Minerve de ce matin et que voici dans leur ordre, textuellement :

Ainsi donc, dans l’espace d’un an,

Le Nouveau-Monde a eu le temps de travailler à la ruine de nos gouvernements locaux ;

À la ruine de notre nationalité ;

À la ruine de la bonne presse ;

Le Nouveau-Monde a eu le temps d’insulter de vénérables membres du clergé, qui lui donnaient de bons conseils.

Le Nouveau-Monde a eu le temps de pratiquer des faux littéraires en falsifiant le texte d’un journal français, pour éviter de mentionner notre nom.

Le Nouveau-Monde, pour résumer, a eu le temps de donner l’exemple de tous les scandales en nous autorisant à

Insulter les prêtres,

Falsifier des textes,

Renier ses opinions au moyen de correspondances,

Refuser de rendre justice devant l’évidence,

Sacrifier le bien du pays à l’intérêt d’un plaideur,

Diviser les consciences,

Détruire la force nationale.

Tout cela, c’est beaucoup trop à dire ; mais nous n’avons pas trop dit ; et en disant tout cela, nous ne voulons pas qu’il soit compris que nous travaillons à détruire le Nouveau-Monde. Au contraire, qu’il vive, s’il veut vivre honorablement ; il y a place pour lui à Montréal. Nous serons son meilleur ami.

Cette conclusion nous serons son meilleur ami, au sujet d’un journal qu’on appelle menteur, faussaire, voleur, etc., fait voir que la Minerve n’est pas du tout dégoûtée, et qu’il y a beaucoup à craindre d’elle pour l’avenir.

Il devient de plus en plus difficile d’avoir des servantes ; c’est presque aussi difficile que d’avoir de l’esprit pour un rédacteur de l’Ordre ou de faire quelque chose d’intelligible, pour un traducteur de la Minerve.