Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
284

Les prêtres individuellement peuvent être d’excellents hommes, tout comme les autres ; mais du jour où ils s’immiscèrent dans les affaires humaines, ils voulurent les diriger exclusivement, et ils devinrent le fléau des peuples.

Leur principe est l’absolu ; ils n’admettent donc pas que rien se modifie.

À chaque expérience nouvelle, à chaque démenti des faits, à chaque démonstration de la science, devant la vérité éclatante et irrésistible, ils opposent l’impérieux et aveugle non possumus.

Non possumus, nous ne pouvons pas.

S’ils ne peuvent pas, s’ils ne comprennent pas que les idées, que les lois, que les institutions se perfectionnent et s’épurent par la liberté, ils ne sont pas dignes de commander aux hommes.

Les rabbins des anciens juifs disent que Dieu créa Adam avec une longue queue, mais qu’après l’avoir considéré attentivement, il lui parut que l’homme aurait meilleure grâce s’il la lui supprimait. Ne voulant pas toutefois perdre une partie de son ouvrage, Dieu coupa la queue et s’en servit pour former la femme. Les rabbins prétendent expliquer au moyen de ce conte une partie des inclinations des femmes. D’autres, non moins ridicules, disent que Dieu créa d’abord l’homme double et des deux sexes, mais qu’en perfectionnant son plan, il sépara le mâle de la femelle et en fit deux êtres distincts. C’est pour cette raison, ajoutent-ils, que les deux sexes ont tant d’inclination l’un pour l’autre, et cherchent continuellement l’occasion de se rapprocher. On trouve aussi dans une histoire fort ancienne qu’Ève, impatientée de ne pouvoir déterminer Adam à manger du fruit défendu, arracha une branche d’arbre, et en fit un gourdin à l’aide duquel elle réussit promptement à se faire obéir.


Séparateur