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aujourd’hui sont beaucoup moins guidés par la foi que par le désir de prendre leur part de son reste de puissance. Tout est spéculation, et je ne m’étonnerais que médiocrement de lire un de ces jours à la 4e page de certains journaux :

Parfumerie catholique

Sérieusement, la vie de ces saints est-elle un bon exemple ? À l’exception de saint Vincent-de-Paul, et peut-être d’un ou deux autres, quels sont ceux dont la mémoire se recommande par un véritable service rendu à l’humanité ou à la société ? Quels sont ceux qui ont montré dans leurs inutiles et puériles austérités un autre sentiment qu’un froid égoïsme sacrifiant devoirs et famille à la crainte des supplices de l’enfer et à l’espérance d’une félicité éternelle pour eux-mêmes, dont ils rêvaient d’étranges détails.

Sérieusement, un homme qui fend du bois pour nourrir sa famille, ou bêche la terre pour faire croître un brin d’herbe, une femme qui fait la soupe pour son mari et ses enfants et leur tricote des bas, sont plus agréables et plus obéissants à Dieu, et d’un meilleur exemple pour les hommes, que ces fainéants, ces hallucinés, et ces hystériques, que l’on propose et parfois que l’on impose à la vénération.

Ne fera-t-on pas quelque jour un almanach où chaque jour on lira le nom d’un de ceux qui ont été les bienfaiteurs et si souvent les martyrs de l’humanité ?



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