Un de mes amis, avocat de cette ville, leur devait une somme. Il les vit venir l’un après l’autre la réclamer.
Il lui arriva plus tard d’avoir une créance à exercer contre eux. Son huissier fut pendant trois mois ballotté de Caïphe à Pilate, renvoyé de celui-ci qui n’avait pas d’autorisation à celui-là qui n’en avait pas davantage.
On ne pouvait pas le comprendre : il n’y a rien de si embrouillant que les chiffres.
Morale. — L’autorisation est la chose la plus facile et la plus difficile à obtenir. On est toujours autorisé à recevoir de l’argent ; on l’est rarement à en payer.
« On a souvent besoin d’un plus petit que soi » — voilà ce que je me suis dit en acceptant le conseil que me donne le Courrier de Beauharnois, « de ne jamais débiter devant le public les abominations que j’écris dans la Lanterne, si je tiens à ma peau. »
Je ne tiens pas absolument à ma peau qui n’a pas toute la blancheur désirable. Si le public voulait s’engager à m’en donner une autre à la place de celle qu’il m’écorcherait, je me présenterais devant lui sans hésiter.
Mais, dans le doute, je m’abstiens.
Les femmes continuent à vouloir être les égales des hommes.
Le Figaro leur donne un moyen bien simple d’atteindre leur but.
« Il est acquis par la science que le cerveau de la femme pèse cent vingt grammes environ de moins que le cerveau de l’homme. » Eh bien ! que, par un procédé quelconque, la femme trouve moyen d’avoir autant de cervelle que nous, et tout sera dit.
À votre place, mesdames, je laisserais les choses telles qu’elles sont, me satisfaisant de la double définition suivante :
L’homme vaut plus que la femme. La femme vaut mieux que l’homme.
Je m’entends souvent répéter ces douces paroles : « La Lanterne a de grandes chances de succès, parce que vous ne faites que dire ce que le grand nombre pense. »
Mais pourquoi suis-je seul à le dire ? d’où vient cette hypocrisie sociale qui fait craindre un espion et un délateur dans chacun de ceux que vous rencontrez ?
Lorsque je revins au Canada, il y a six ans, on regardait comme une monstruosité que j’eusse fait une campagne avec Garibaldi.
Les journaux cagots, croyant me perdre dans l’opinion, me jetaient sans cesse ce souvenir à la face, dans l’espoir que je m’en défendrais,