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jurisprudence ardue vient heureusement d’être réglée par le juge Berthelot siégeant en révision, lequel l’avait déjà décidée en première instance, mais il a fallu la confirmer ; pour cela on n’a pu mieux faire que de prendre le même homme, qui, du reste, a le bon goût de s’offrir lui même pour décider de ses décisions… — Jeunes gens, l’Institut-Canadien est un foyer ardent de libéralisme, — ces paroles tirées de Troplong, « Commentaires sur la vente, » indiquent suffisamment combien il est difficile de préciser les conditions de nullité des contrats…

Et ainsi de suite. Comment veut-on que les jeunes gens ne soient pas corrompus et les parents effarouchés ?

Le Nouveau-Monde demande si de tels professeurs ont une assez grande sûreté de doctrine pour ne pas fausser l’intelligence du disciple dans l’examen du civil et du religieux, du pouvoir spirituel et de l’autorité temporelle… celle-ci qu’il appelle extérieure.

Moi, je conseillerais de faire faire les cours de droit par des Jésuites. Alors, plus d’ambages, plus de discussions oiseuses ; doctrine sûre, claire et nette. D’autorité civile, point ; l’autorité religieuse serait tout. On enseignerait, par exemple, que le pape a seul le droit de gouverner les empires, que l’autorité de l’Église s’étend sur toutes les choses de ce monde, que tout pouvoir vient de Dieu, en ce sens que les hommes soumis à ce pouvoir sont des brutes et n’ont pas droit de le renverser quand il devient tyrannique, avili, corrompu, destructeur… »

Le Nouveau-Monde continue :

« Il existe plusieurs sociétés littéraires qui s’estimeraient heureuses de rendre au cercle légal le même service que l’Institut Canadien : ne serait-il point dès lors plus prudent et plus dans les véritables intérêts de l’Institut Légal qu’il en fût ainsi ? Sans compter que ce serait disposer favorablement le public en sa faveur, lui assurer les sympathies de la grande majorité de notre population et nous permettre d’applaudir sans réserve. »

J’admire que cet oison mitré n’est même plus capable de cacher son jeu. Et pourtant l’hypocrisie est son élément indispensable, sa condition d’existence.

Vous voudriez bien voir l’Institut Légal installé à l’Union Catholique, ou au Canadien-Français, ou, que sais-je encore ? Mordi ! vous vous ennuyez entre vous. Quand il vous arrive de vous réunir une fois en six mois, c’est pour dire tant de platitudes que vous avez mal au cœur les uns des autres.

Quelle fête ce serait pour vous si des jeunes gens venant de l’Institut Canadien allaient vous retremper ! Mais voyez le défaut