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l’extrait suivant du rapport d’un voyage fait au Saguenay en 1845 par l’honorable D. B. Papineau, commissaire des Terres Publiques :

« Votre Excellence n’ignore pas que le territoire arrosé par la rivière Saguenay, formant une portion de l’étendue du pays nommé les Postes du Roi, avait été ci-devant, avec le reste de cette étendue, loué à feu M. Gaudi, constructeur de vaisseaux à Québec ; le bail avait été passé pour l’espace de 21 ans et est expiré le 10 octobre 1842. Pendant la durée de ce bail, le gouvernement provincial n’a pas voulu consentir à y faire faire aucun arpentage de terres pour établissements, quoique ça lui fut souvent demandé, sous l’impression, je pense, qu’il n’en avait pas le droit. Dans le cours du mois de juin, 1842, un autre bail de ce même territoire a été accordé pour un même espace de temps à l’honorable Compagnie de la Baie d’Hudson, à commencer du 2 octobre, 1842, avec condition et réserve expresse que le gouvernement ferait en aucun temps, s’il le jugeait à propos, arpenter et concéder ou vendre des terres pour y former de suite des établissements, cultiver, etc.

« En 1843, des ordres furent donnés par les autorités compétentes d’arpenter plusieurs townships dans cette étendue. Quelques individus avaient déjà formé une société pour y bâtir des moulins à scies et y former des établissements. Quelque temps après, ils ont vendu à W. Price, Ecr., & Cie, de Québec, les intérêts qu’ils avaient respectivement dans cette entreprise, et ce monsieur a conduit ses opérations avec intelligence, énergie, diligence, et y possède maintenant plusieurs vastes établissements pour scier le bois, au moyen desquels il a pu, l’année dernière et cette année, charger de madriers plus de 60 vaisseaux. Un grand nombre de cultivateurs les plus pauvres des paroisses qui bordent le Saint-Laurent, presque réduits à la misère par une succession de mauvaises récoltes, ont été résider en ce lieu afin de se procurer pour eux et leurs familles les moyens de subsistance, en travaillant soit aux moulins ou aux bâtisses qu’on y érigeait, soit dans les forêts à couper et tirer le bois propre à être scié. Ce manque de récolte avait mis la plupart du commun des cultivateurs dans l’incapacité de procurer de l’ouvrage à une nombreuse classe de journaliers agricoles qui, d’ordinaire, se fient pour leur subsistance sur les travaux qu’ils peuvent faire pour autrui, et eux-mêmes furent également forcés par la nécessité de recourir au Saguenay.

« Le moyen de communication par terre le plus court serait le chemin projeté de Bagot, dont la longueur sera cependant de 66 milles et dont l’ouverture serait coûteuse, vu qu’il devra