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vouloir prendre un bain entier. Je répète donc que la Malbaie est la seule place d’eau de toute la rive nord, ce qui ne veut pas dire que les deux tiers du temps il ne vaille pas mieux y rester sur terre que de se risquer dans l’onde perfide du fleuve ; mais, en somme, on court la chance d’y trouver l’eau supportable dix jours dans le mois ; c’est assez pour les baigneurs ordinaires, mais insuffisant pour les phoques qui viennent en villégiature des extrémités d’Ontario ou même de la vallée de l’Ottawa.



C’est une chose bien connue du reste que l’eau du St. Laurent est en général très-froide sur la rive nord et souvent trop chaude sur la rive sud. Du côté nord il n’y a presque pas de battures et, par conséquent, l’eau se retire peu au baissant, de telle sorte que le rivage n’est guère chauffé par le soleil et ne peut guère à son tour réchauffer l’eau graduellement à la marée montante ; tandis que, du côté sud, les battures sont interminables et presque plates ; l’eau s’y retire en certains endroits jusqu’à une lieue du rivage, de sorte que tout ce fond laissé à découvert par le baissant est caressé par le soleil pendant une grande partie de la journée ; et comme la mer monte lentement sur une plage unie, il en résulte que l’eau, arrivée au rivage,