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quel l’auteur, résumant les phases périlleuses par lesquelles a passé le Canada français, et aussi étonné que ravi de la force presque mystérieuse qui, non-seulement l’a maintenu, mais l’a encore fait croître et s’étendre alors que l’engloutissement semblait être sa destinée inévitable, signale, entre autres exemples de cette merveilleuse conservation, celui des Cantons de l’Est où l’on a voulu établir définitivement la race saxonne et lui donner la prépondérance :

« Dans une région montagneuse, dit-il, au sud du Saint-Laurent, est un pays limitrophe des États-Unis, qui fut presque inhabité jusqu’à la fin du siècle dernier. Les gouverneurs anglais le colonisèrent dans l’espoir d’enserrer la population française et de la dissoudre à force d’infiltrations britanniques. Or, le fait inverse s’est produit. Non-seulement ces colonies anglaises n’ont rien gagné sur la zone franco-canadienne, mais elles ont été envahies et pénétrées elles-mêmes par l’élément qu’elles devaient détruire. Le recensement de 1871 a donné, pour les onze comtés dont elle se compose, les résultats suivants : Anglais, 60,011 âmes ; Français, 88,717. Par la comparaison de ces chiffres, on voit la merveilleuse fécondité de la race française. Ses rejetons, ses enfants perdus ont formé dans les comtés anglais une masse imposante, supérieure en nombre à toute l’émigration britannique. Cette contrée fertile et pittoresque est devenue, grâce à leur affluence, une des plus riches de tout le Canada. Partout des fermes à l’aspect riant, des vil-