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canadiennes du bon vieux temps qui ne marchandaient pas la progéniture ; elle lui avait déjà donné six enfants ; il lui en demanda encore, et la digne femme lui en apporta dix de plus.

C’était commencer d’un bon train. Mais il en fut malheureusement de la colonie de Rimouski comme de toutes celles d’alors ; l’établissement en fut ardu, pénible, et partant lent. Aussi, plus de soixante ans plus tard, à l’époque de la conquête, n’y avait-il encore à Rimouski qu’une vingtaine de maisons disséminées sur un espace de quatre lieues carrées, et une population ne dépassant pas trois cents âmes.


Si l’on consulte les registres des mariages et naissances qui ont eu lieu dans Rimouski pendant les dix-huitième et dix-neuvième siècles, on voit que la progression est loin d’être régulière. Les écarts sont considérables ; le chiffre des mariages surtout varie, tandis que celui des naissances se soutient avec une certaine allure mathématique qui fait voir que les enfants ne s’empressaient pas de mourir, à peine venus à la lumière, comme ils en ont pris l’habitude depuis bien des années déjà. Ainsi, les mariages se maintiennent pendant près d’un siècle et demi, avec une moyenne extrêmement changeante et languissante