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maine était un champ de déchets où chacun peut venir indistinctement jeter les produits baroques de son imagination. Il est temps, grandement temps de débarrasser le champ littéraire de ces parasites qui y portent le ravage avec leur fécondité désastreuse, qui s’abattent sur la littérature comme des insectes et y sèment leurs larves comme s’il devait en sortir des chefs-d’œuvre.


III


Ce qu’il y a de particulièrement douloureux pour l’écrivain digne de ce nom, c’est qu’il ne jouit au Canada d’aucune considération. Il n’y a qu’une petite partie du public qui fasse une différence entre lui et un faiseur de phrases ampoulées, un barbouilleur pâteux, ou un bourreau de langue dont chaque mot est un coin qui s’enfonce dans la phrase. Le public, dont ça n’est pas la faute, a vu tant d’écrits sans couleur, sans idées et sans style, qu’il n’a pu acquérir le sentiment de l’art littéraire,