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tiers du X)V~ siècle, les hommes pieux et éclairés étaient choqués par certaines scènes des drames religieux. Cette divergence d’opinion entre eux et la foule, de plus en plus avide de bouffonneries et de spectacles luxueux, merveilleux ou sanglants, s’accentuera jusqu’à l’époque de la proscription des Mystères.

Oresme n’emploie que le terme général de Jeu Du reste, dans les documents relatifs au théâtre parisien qui ont été conservés, on ne rencontre pas avant 1402 le mot Mystère pris dans le sens dramatique il y est question de jeux, jeux de personnaiges, jeu ou commémoration du miracle de Théophile. Toutefois à Rouen, les Frères de la Charité étaient tenus, dès 1374, de faire aucun vray mistere ou miracle (Emite Rov, Le jour du jugement, 1902, p. 8)).

Quelles pièces Oresme a-t-il en vue ?

t" Pour Judas, un jeu de la Passion parmi les pièces que nous appelons « Mystères c’était la Passion qui était le plus souvent représentée. Mais, en 1370, on n’avait pas encore mis à la scène la vie apocryphe de Judas

° Pour saint Paul, nous ne possédons pas de mystères anciens, sauf ceux que contient le manuscrit de la Bibliothèque Sainte-Geneviève la Conversion Saint-Pol et son martyre. Selon Roy et Jeanroy, la Passion de sainte Geneviève a été composée à Paris, à la fin du xiv~ siècle, mais cela ne prouve pas que les autres jeux de ce manuscrit remontent à la même époque. D’autre part, un manuscrit que la Bibliothèque du Louvre posséda entre 1373 et 1421 contenait une Passion par personnage, la vie des Pères, plusieurs choses de saint Paul etc. (Roy, o. c., p. 93), mais cela ne devait pas être un jeu de saint Paul. Heureusement Oresme nous fournit un point de repère grâce à lui nous savons que, dès 1370, on composait des jeux non seulement sur le Christ, mais aussi sur le principal saint qui ait évangélisé le monde. Je pense que, de bonne heure, les auteurs de jeux lui adjoignirent saint Pierre, saint Étienne et aussi saint Denis, le premier apôtre des Français (Cf. P. de Julleville, Les Mystères, II, p. 502, et Lebègue, Les Actes des Apôtres, p. 105-108) 3~* L’ermite est un personnage attitré des Miracles. H figure dans les pièces n°~ ), 2, 4, 8-11, 17, 24 et 33 du manuscrit Cangé, qui contient le répertoire d’une confrérie probablement parisienne on place leur composition dans la seconde moitié du xive siècle. Puisque Oresme n’a a pas précisé le nom et la conduite de l’ermite, ce personnage figurait dans les pièces connues et n’y portait pas de nom. Aussi Roy a-t-il tort,