Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/56

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sous le gneis est le même schiste calcaire gris qui recouvre plus bas les bancs bélemnitifères. Vers les sommités, on voit encore une fois du calcaire, sous la forme d’une masse ellipsoïde colossale, qui est enfoncé comme un coin dans le gneis, et enveloppé par cette roche. La puissance de chacun de ces massifs calcaires peut avoir près de 500 pieds, et la masse de gneis qui les sépare a environ la même épaisseur[1].

On ne peut rester long-temps incertain sur la manière dont on doit envisager ces alternatives ; car en considérant la montagne entière de la Jungfrau, on remarque que le calcaire forme tout son côté septentrional jusqu’à sa cime, tandis que sa portion méridionale est toute composée de gneis qui s’élève des points les plus bas jusqu’aux plus hautes crêtes. Il n’y a, de plus, aucune différence appréciable entre le gneis qui couvre le calcaire dans le Roththal et celui qui resort au-dessous de cette vallée ou qui constitue en général la chaîne primaire. La dénomination de demi-granite (Halbgranit) proposée par M. Hugi est tout-à-fait inutile, puisqu’elle tendrait à séparer des roches identiques.

En jetant les yeux sur le profil naturel de la montagne, il devient clair que l’introduction du calcaire dans le gneis, sous la forme d’un coin et vice versa, n’est qu’une suite du soulèvement qui n’a pu s’opérer sans faire éprouver aux couches secondaires des fendillemens, des brisures et des plissemens. La théorie de M. Hugi est donc aussi inadmissible.

On peut observer encore plus aisément les mêmes faits dans le Mettenberg près Grindelwald, ainsi qu’au Laubstock et au Plattenstock, sur les bords de la route qui conduit au même hameau.

On doit vraiment s’étonner avec M. Hugi, qu’aucun savant ne les ait pas vus, puisqu’il ne s’agit pas de voyages pénibles, mais seulement de savoir distinguer les rochers calcaires d’avec ceux composés de gneis, dans un des lieux les plus visités en Suisse. En considérant en face les trois montagnes mentionnées, elles paraissent n’offrir qu’une masse calcaire de plusieurs milliers de pieds de puissance et à sommet tronqué. Cette roche semble s’élever jusqu’à la cime et repose indistinctement sur le gneis ; mais en voyant les mêmes montagnes en profil, on remarque qu’il s’élève encore du sommet vers les montagnes placées derrière une hauteur à pente douce qui à tout l’extérieur des rochers de gneis, et qui en est composée en réalité, comme on peut s’en assurer en place. En

  1. Voyez planche I, fig. 3.