Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/25

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masse des matières transportées et la force du courant ou l’agitation des flots : ainsi les sédimens les plus fins et les substances cristallines se précipitent seuls dans les parties les plus calmes ou les plus éloignées du rivage ; plus tard s’y accumulent successivement les marnes grossières, puis les sables, les graviers et les cailloux roulés, puis enfin les véritables galets alternant avec des sables ; les dépôts lacustres viennent terminer la série en comblant les cavités du sol marin. Si une nouvelle série recommence, c’est la preuve d’une perturbation, et l’on est en droit d établir deux formations distinctes ou du moins une division d’un ordre inférieur.


Terrains secondaires.

Dans cette partie de mon Rapport je comprends les travaux relatifs aux divers groupes que la plupart des géologues réunissent sous le nom de terrains secondaires.

L’Europe se divise en deux grandes zones où les dépôts secondaires montrent des caractères très distincts : les montagnes du centre de la France, les Alpes et leur prolongement au nord du Danube, forment à peu près leur limite. Indépendamment des différences originaires qui tiennent à la séparation plus ou moins complète des deux mers, où les dépôts se sont formés, la zone du midi porte presque partout les traces de modifications très remarquables ; les couches sont brisées, soulevées à de grandes hauteurs, souvent contournées sur elles-mêmes ; les roches sont devenues compactes ou cristallines, souvent magnésiennes, et les fossiles ont presque entièrement disparu. Vous savez quelles liaisons intimes existent dans toute la région du nord, entre la nature du sol et ses caractères topographiques et pittoresques ; il en est ainsi dans la zone du midi, depuis l’Espagne jusqu’au Liban. Mais rien de plus contrastant que l’aspect de nos riches plateaux secondaires, à formes ondulées, comparées aux massifs arides et à formes escarpées anguleuses de la craie et des séries oolithiques du midi.

Les deux grands instruments de classification, les fossiles et les superpositions, donnaient, dans le midi, si peu de lumières directes ou de moyens de comparaison, que la connaissance des groupes secondaires n’y avait fait encore aucun progrès, lorsqu’elle était déjà presque entièrement terminée dans la région du nord, Avant de retracer tout ce que nous avons appris dans ces deux dernières années, je crois devoir vous rappeler que, dans cette question, comme dans presque toutes les découvertes géologiques de notre époque, M. Brongniart nous a ouvert la voie, et que