Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/279

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suffit d’enfoncer dans la terre un tuyau d’un pied de long, pour en faire jaillir avec violence des vapeurs lumineuses auxquelles on met ensuite le feu. Les jets de gaz hydrogène carboné sont quelquefois utilisés de la même manière dans les lieux où ils sont abondans. C’est ainsi que sur les pentes des Apennins, on emploie les feux naturels qu’ils produisent, pour faire cuire les alimens, calciner la pierre à chaux, cuire la poterie, évaporer les liquides, etc.

En Chine, le plus grand nombre des sources salées et jets de gaz inflammable sont dans les districts de Young-Hian et Wei-Hian dans le département de Kia-Ting-Fou. Il y en a encore dans d’autres districts de ce département, et à l’est de la grande chaîne neigeuse qui traverse la partie orientale du Szu-Tchouan du sud au nord. Suivant M. Imbert, il y a plusieurs milliers de puits salés sur un espace de dix milles sur cinq autour de Ou-Thouang-Kino. Chaque trou coûte de 7 in 8,000 fr., et a de 15 a 1,800 pieds de profondeur, sur 5 à 6 pouces de diamètre. L’eau de ces puits donne un cinquième à un quart de sel par l’évaporation, et contient du nitre. Les mêmes puits exhalent souvent du gaz inflammable, servant, près Thsee-Lieou-Tsing, où l’on a creusé à 3,000 pieds de profondeur, à évaporer le sel commun. Dans le forage pour le sel, on trouve souvent en abondance une huile bitumineuse.

C’est de la montagne de Ho-Chan et Aghie (montagne du Feu), province de Kou-Tché, dans la petite Boukharie, que les Boukhars apportent en Sibérie le sel ammoniac ; et, suivant leurs récits, la montagne au sud de Korgors est si abondante en cette espèce de sel, que souvent les habitans du pays l’emploient pour payer leur tribut à l’empereur de la Chine. M. de Humboldt cite à ce sujet le passage suivant tiré d’une nouvelle Description de l’Asie centrale, publiée à Péking en 1777, « La province de Kou-Tché produit du cuivre, du salpêtre, du soufre, du bitume et du sel ammoniac. Cette dernière substance vient d’une montagne au nord de la ville de Kou-Tché, qui est remplie de cavernes et de crevasses. Au printemps, en été et en automne, ces ouvertures sont remplies de feu, de sorte que pendant la nuit la montagne paraît comme illuminée par des milliers de lampes. Alors personne ne peut s’en approcher. Ce n’est qu’en hiver, lorsque la grande quantité de neiges a amorti le feu, que les indigènes travaillent à ramasser le sel ammoniac, et pour cela ils sont obligés de se mettre tout nus. Le sel se trouve dans les cavernes sons forme de stalactites, ce qui le rend difficile à