Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/317

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basaltes les plus récens paraît avoir eue avec celui des laves actuelles ; et sur les différences de plus en plus grandes qu’a présentées, avec celui des laves actuelles, le mode d’émission des basaltes de plus en plus anciens. La loi reconnue par ces trois géologues se trouve confirmée par le fait que, si on prolonge la série basaltique jusqu’aux trapps, dont les basaltes les plus anciens se rapprochent graduellement, on arrive à constater un mode d’éruption. essentiellement différent de celui des volcans actuels.

Il me suffira, pour établir cette différence, de rappeler brièvement, d’après MM. Jackson et Alger, les circonstances du gisement des trapps de la Nouvelle-Écosse.

Sur le revers N.-O. de la Nouvelle-Écosse, une langue de terre élevée, plus élevée même que l’intérieur du pays, et désignée par le nom de Montagnes du Nord (the North Mountains), s’étend le long de la côte de la baie de Fundy, comme une digue naturelle et presque rectiligne, séparée des collines de l’intérieur par la baie de Sainte-Marie, le bassin d’Annapolis et le bassin des mines, qui sont presque liés entre eux par des terrains bas formés d’alluvions. Cette langue de terre est composée d’un trapp qui se divise naturellement en gros prismes verticaux plus ou moins réguliers. Du côté de l’intérieur, les flancs de la masse trappéenne sont arrondis ; et leur pied, abrité du vent du N.-O. par la masse elle-même, présente un sol fertile, formé du mélange des matériaux provenant de la destruction du trapp et du grès sur lequel il repose ; sol orné de riches cultures, qui ont fait surnommer les environs d’Annapolis le Jardin de la Nouvelle-Écosse. Partout, au contraire, où le pied de la masse trappéenne est battu par les flots de la baie de Fundy et par ses marées de 70 pieds de hauteur, elle présents des faces abruptes et presque perpendiculaires. Les joints naturels qui divisent la masse de trapp en prismes verticaux sont la cause de cette disposition, qui donne, à toute la côte qui en est formée, un aspect à la fois si rude et si pittoresque. La destruction. continuelle qui entretient la fraîcheur de ces falaises, et les empêche de s’arrondir comme les pentes qui regardent l’intérieur du pays, donne lieu à des accidens variés dont un grand nombre sont représentés dans les vues qui accompagnent le mémoire des deux géologues américains. L’œil compare avec étonnement les dimensions des plus grands arbres et des plus grands vaisseaux à celles de ces monumens de la nature. Les colonnades basaltiques de l’ile de Staffa et de la chaussée des Géans sembleraient presque d’élégantes miniatures, à côté des gigantesques escarpement qui bordent la brèche par laquelle les eaux de la mer, traversant la