Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/324

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a définitivement constaté que les grands volcans de l’équateur n’ont jamais répandu de coulées de laves sur les plateaux élevés de Quito et de la Nouvelle-Grenade, et encore moins sur leurs propres flancs. Si dans les éruptions basaltiques la force élastique des substances gazeuses a joué un rôle moins énergique, on conçoit tout de suite qu’à cette époque les grands épanchemens ont du être encore plus rares a des hauteurs considérables ; si des ouvertures se sont faites dans des parties un peu saillantes de la croûte terrestre, le basalte n’a dû faire en général que les remplir sans s’épancher en grande quantité par leur orifice ; et que les grands épanchemens basaltiques n’ont dû se faire que sur les parties basses de l’écorce terrestre.

Si les substances gazeuses avaient été moins abondantes lors des éruptions basaltiques, on concevrait encore que les basaltes, moins pénétrés de gaz que les laves, étant par cela seul plus denses ; et devant en même temps conserver plus long-temps leur fluidité, attendu que le dégagement d’un grand volume de gaz est nécessairement pour les laves actuelles une cause puissante et rapide de refroidissement, les basaltes ont eu bien moins de facilité que les laves à se fixer sur des pentes, et bien plus de facilité, au contraire, à gagner en totalité les lieux bas où ils sont arrivés encore très chauds, et où ils se sont solidifiés par un repos très prolongé.

La supposition que les fluides élastiques auraient joué un rôle moins considérable dans les éruptions anciennes (basaltiques et trachytiques) que dans les éruptions modernes, aurait sans doute pour effet de rendre moins décisive la partie de la dissemblance entre les laves et les nappes d’anciennes matières volcaniques, qui consiste dans la différence de cellulosité ; mais elle laisserait subsister, ainsi que je l’ai déjà indiqué, la partie principale de cette différence, celle qui résulte de la présence ou de l’absence de traces de mouvement, et elle entraînerait en même temps des conséquences difficiles à concilier avec l’idée d’expliquer la forme des cônes revêtus de basalte, sans avoir recours à l’hypothèse d’un soulèvement. Si on admet que les fluides élastiques n’ont pas joué dans la production de ces cônes le même rôle dans les volcans actuels, on attaque dans sa base l’explication qu’on voudrait donner de leur forme conique, et on exclut toute idée d’analogie entre eux et le Vésuve ou l’Etna ; et si, pour conserver une raison suffisante de la forme conique, on admet qu’à l’époque trachytique et basaltique les dégagemens de fluides élastiques jouaient le même rôle que dans les éruptions actuelles, on laisse dans sa plus grande netteté l’argument tiré de l’opposition qui existe entre