Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/455

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M. de Beaumont fait observer que la question de la contemporanéité des couches qui renferment un certain nombre d’espèces tertiaires dans les Alpes et les Pyrénées, avec la craie ou le calcaire grossier, ne lui paraît pas susceptible d’être résolue par la seule considération de l’identité de quelques espèces de coquilles, attendu que ces couches se sont déposées dans des bassins qui peuvent n’avoir eu que des communications très éloignées avec ceux où s’est déposée la craie du nord de l’Europe. Rien ne s’oppose à ce qu’on admette qu’à l’époque du dépôt de la craie blanche du nord de la France et de l’Angleterre, le midi de l’Europe était baigné par une mer dont les habitans différaient autant de ceux de la mer qui s’étendait sur le nord, que ceux de la mer Pacifique diffèrent de ceux de la mer des Antilles, ou que ceux de la mer Rouge diffèrent de ceux de la Méditerranée. Les êtres marins qui, pendant la période du calcaire grossier, ont peuplé les mers de l’Europe, pouvaient très bien, pendant la période de la craie blanche, exister déjà en partie dans les mers qui baignaient alors le midi de l’Europe.

M. de Beaumont pense que, même indépendamment de cette considération de géographie géologique, on ne pourrait classer les couches alpines dont il s’agit, qu’après leur avoir appliqué la méthode des proportions numériques que M. Deshayes a si heureusement appliquée aux divers étages tertiaires, et il croit que l’application de cette méthode conduirait plutôt à séparer les couches en question du calcaire grossier qu’à les en rapprocher. N’ayant pas visité Gosau, il ne peut soutenir aucune opinion relativement aux rapports précis des couches qu’on y observe avec celles des environs de Gap.

M. Deshayes répond à M. de Beaumont que l’on peut considérer, quant à présent, comme une ingénieuse hypothèse ce qu’il vient de dire sur la distribution des mers à l’époque de la craie ou du calcaire grossier ; mais que, relativement à l’application de la méthode des proportions numériques, pour qu’elle soit bien faite, il serait nécessaire que les observations, fussent plus complètes et plus nombreuses. M. Deshayes ajoute