Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/512

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terrain de gneiss et de schistes anciens, M. de Nanzouty m’a assuré qu’on trouvait au milieu de la gangue des gryphites du terrain jurassique (lias), qui cependant ne se trouvent qu’à une assez grande distance de là. Ce fait est très important, d’abord parce qu’il prouve que ces filons sont postérieurs à la formation jurassique dont ils contiennent les débris, et ensuite parce qu’il confirme ce que M. Dufrénoy a dit récemment au sujet des filons métallifères de Bleyberg, situés dans la craie, savoir qu’une partie des filons métalliques pourrait bien appartenir aussi à des terrains très récens, ce qu’on aurait regardé, il y a quelques années, comme tout-à-fait impossible. M. de Nanzouty m’a assuré aussi avoir trouvé, dans les mêmes environs, des échantillons de cobalt.

« Je suis allé, de là, à Pouilly, où j’ai eu occasion de visiter la belle galerie souterraine, de 3333 mètres de longueur, qu’y a fait percer M. Lacordaire, l’un de nos confrères, pour le canal de Bourgogne qui doit être livré prochainement à la navigation. Ce percement s’est fait à travers la formation du lias, et c’est en creusant qu’on a découvert le fameux ciment dit Romain. La masse qui le fournit est un calcaire argileux et siliceux, consistant simplement en un amas ellipsoïdal, qui n’a guère, d’après les reconnaissances qu’on en a faites par de nombreux sondages, qu’un quart de lieue d’étendue, et seulement 20 centimètres (7 à 8 pouces) dans sa plus grande épaisseur ; il s’amincit vers ses bords. On l’exploite par galeries souterraines et par le canal souterrain même. On exploite aussi, pour la fabrication du ciment, un autre petit banc de quatre à cinq pouces d’un calcaire marneux schisteux, dit banc zoné, qui donne un ciment trop énergique, c’est-à-dire qu’il contient trop de silice ; mais il est facile d’y remédier par des mélanges. Au-dessous et au-dessus du calcaire à gryphées, se trouvent deux bancs de calcaire argileux, qui fournissent de l’excellente chaux hydraulique ; le dernier contient beaucoup de bélemnites et autres coquilles. Le bel établissement construit par M. Lacordaire, pour la fabrication du ciment, est à une demi-lieue de là.

Je suis allé ensuite visiter le chemin de fer et les mines d’Épinac ; ce chemin doit être mis en circulation en même temps que le canal de Bourgogne, auquel il aboutit. On peut, en le parcourant, suivre toute la série des terrains de la contrée, depuis les formations des granites gneiss et schistes argileux, jusqu’à partie supérieure du terrain jurassique. M. Bonnet, ingénieur des ponts-et-chaussées, qui en dirige les travaux, a reconnu que le long de la route, depuis Bligny, lorsque les coteaux forment