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dommagée, toutes les fois que la construction à laquelle elle tiendra ne sera point mauvaise, devra être conservée avec soin.

61. Les sculptures de nos édifices anciens étant toujours exécutées sur le chantier avant la pose, chaque morceau de pierre portait son fragment d’ornement, et les joints ou les lits des pierres ne venaient pas contrarier la décoration. Ce système constant, auquel il n’est jamais dérogé du xiie au xve siècle, doit servir de guide à l’artiste qui restaurera ces édifices. Ainsi, dans les parties sculptées, il ne devra changer ni la hauteur des lits, ni l’écartement des joints verticaux ; car il faudra qu’il retrouve sur chaque pierre l’ornement qui s’y voyait sculpté, qu’il observe même les irrégularités premières, afin que le travail neuf ne soit point en contradiction avec le système de construction et de décoration originel.

62. Il apportera dans l’exécution des sculptures d’ornement des soins tout particuliers ; non-seulement il devra imiter scrupuleusement les formes anciennes, mais aussi le travail de la sculpture, qui varie à chaque époque. Il s’attachera à distinguer les restaurations plus ou moins récentes, notera les originaux bien authentiques, les examinera avec soin, les étudiera, s’identifiera avec les formes anciennes.

S’il est nécessaire de refaire à neuf une partie complètement détruite, l’architecte cherchera des modèles d’ornementation dans des monuments de la même époque, dans une position analogue et dans la même contrée ; il ne commencera l’exécution qu’après avoir fait approuver ses projets graphiques par l’Administration.

63. Il est rare que, dans des ornements courants à remplacer, il n’existe pas quelque partie en bon état ; on devra la conserver en place ou la reposer comme un témoignage de l’état ancien.

On remarque dans l’exécution de ces ornements des différences qui proviennent du plus ou moins de talent des ouvriers ; il est bien entendu que les fragments qui paraissent avoir servi de modèles, et qui sont probablement l’œuvre de maîtres habiles, doivent être conservés de préférence. En reproduisant des ornements courants, l’architecte remarquera qu’ils sont toujours empreints d’une certaine variété qui, sans altérer l’unité d’aspect, exclut la froideur et la monotonie ; il tâchera d’employer des sculpteurs habiles, intelligents, familiarisés déjà avec ces œuvres et en comprenant l’esprit.