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flûtes d’airain ou de cuivre et de soufflets, qui rendoient un son fort harmonieux. Le même Baldricus ajoute ensuite que cet instrument ne plaisoit pas à tout le monde, qu’il y avoit dans ce temps là des humeurs et des esprits faits en dépit du bon sens, ennemis irréconciliables de tout ce qui peut élever nos cœurs et nos esprits à Dieu, les réunir et les recréer innocemment, plus farouches et plus brutaux que les bêtes, même les plus stupides, lesquelles s’arrêtent, s’apprivoisent et se laissent enfin gagner par les charmes et les attraits de la musique, comme il y a encore aujourd’huy de ces esprits hétéroclites, qui, bien moins par le motif d’une véritable piété et d’une sincère mortification de leurs sens extérieurs que par envie, par une fausse idée de réforme, ou parce qu’ils ont l’intelligence trop épaisse et trop bouchée, et l’âme rampante, pour pouvoir s’élever et comprendre ce que les orgues insinuent agréablement à nos âmes, ne peuvent les souffrir, les condamnent, les censurent absolument, déchirent par leurs médisances aussi injustes que cruelles ceux qui sçavent s’en servir pour louer Dieu, comme le saint roy David, élever et conduire insensiblement les hommes à la connoissance, au désir de posséder les plaisirs du ciel. On convient aussi que dans l’usage de cet admirable instrument, il faut observer très-exactement les règles si saintement prescrites par un concile provincial tenu à Sens en mil cinq cent vingt huit, 1528, le dix-septième.

« Organorum usum ecclesia a patribus ad cultum servitiumque divinum recepit. Nolumus itaque quod organicis instrumentis resonet in ecclesia impudica aut lasciva melodia : sed sonus omnino dulcis, qui nihil præter hymnos et cantica spiritualia representet. (Concil. Senon, can. 17, anno 1528.) »

« En mil six cens quatre vingt dix neuf, au mois d’août, on démonta un grand ouvrage de menuiserie et de sculpture, au milieu duquel il y avoit un grand tableau représentant Jésus-Christ ressuscité ; les gardes du tombeau, et un religieux à genoux, qui étoit au grand autel, et qui cachoit et bouchoit le fond du chœur, les basses voûtes du rond-point, la chapelle du Saint-Esprit dans le fond, celles de saint Jean-Baptiste et de la Magdelaine aux deux côtez. Les pieds d’estaux ou bazes, les colomnes, les chapiteaux, la corniche et un des frontons furent transportez et adossez contre les basses chaires du chœur du côté de la nef, et le tableau posé contre le gros mur de la nef en bas et en dedans d’icelle.