Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/4

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et égyptiennes, un vernis vert ou bleu-turquoise, formé de silicate de plomb et de soude, coloré par l’oxyde de cuivre et d’autres matières minérales. Les Phéniciens, auxquels on attribue l’invention du verre, paraissent avoir fabriqué l’émail véritable, c’est-à-dire un vernis coloré par des oxydes métalliques et rendu opaque par une certaine quantité d’étain. Les Hébreux le connaissaient, — Ézéchiel en parle, — l’Étrurie le possédait à l’époque de Porsenna, et, dès le iiie siècle de l’ère chrétienne, on constate son existence en Gaule.

Chez les Grecs, la poterie était des plus communes pour ce qui est de la terre, dont la pâte poreuse, presque grossière, était lustrée seulement par une couverte vitreuse, qui ne modifiait que peu la couleur de l’argile. Mais, tandis qu’ailleurs on semblait s’occuper surtout du mérite industriel, la Grèce, en se dégageant de la tradition orientale et recherchant particulièrement la beauté de la forme, la pureté du dessin et la grâce du décor, éleva la céramique à la dignité d’art. C’est que le peuple grec était par-dessus tout un peuple artiste : « Les dieux, disait Platon, nous ont donné le sentiment de la mesure et de l’harmonie. » Les réalités ne servaient qu’à exprimer les sentiments de l’âme, les conceptions de l’esprit ; et l’on remarque que la fabrication de ces vases grecs, qui l’ont l’ornement de nos musées, atteignit au plus haut point de perfection, précisément à l’époque où, dans ce pays privilégié, l’architecture, la sculpture et la peinture brillèrent du plus vif éclat. Guidés par un sentiment juste des proportions et par une convenance parfaite relativement à l’appropriation des objets, les Grecs n’adoptèrent jamais pour leurs vases qu’un système d’ornements d’un faible relief, afin d’éviter que la saillie vint en interrompre les lignes générales et nuire à l’élégante pureté du galbe ; le plus souvent même, ils se bornèrent à orner les parois de ces vases de peintures appliquées de manière à en faire valoir la forme.