Page:Bulteau - Un voyage.pdf/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
weimar

calmes et respectueuses qui naissent dans la majesté des campagnes solitaires se mêlent à l’activité des rues.

L’amour des arbres qui sont dieux, convenait merveilleusement à cette ville religieuse entre toutes. Car Weimar est un lieu de culte, une chapelle consacrée à la pensée allemande.

Dès les premiers pas on y est enveloppé d’une atmosphère dévote. Chaque objet vous instruit. Comme dans les places de pèlerinages miraculeux on vend des images du saint efficace, ou de la madone, généreuse en guérisons, ici on vend les médailles, les portraits, les bustes des grands hommes qui, pour avoir choisi d’y vivre et d’y mourir, ont fait à la petite ville son incomparable illustration. Tout est souvenir d’eux : le titre de leurs œuvres se lit aux enseignes des brasseries, leurs vers sont imprimés, gravés, peints sur d’innombrables bibelots, leurs statues se dressent partout. Les Bismarck de bronze, les Moltke de marbre ne vous poursuivent plus dans la glorieuse ville. Il n’est pas question d’eux, mais de Schiller, de Wieland, d’Herder, de Gœthe ; de Gœthe surtout.

J’entre au palais Wittum où chaque jour, des années durant, il vint faire sa cour. C’est là que la grande-duchesse Anna-Amalia vécut pendant son veuvage et alors qu’elle était régente. Ce palais Wittum est une simple construction, plantée d’un