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les maisons sacrées

de mes défaillances et de mes aspirations victorieuses vers vous, combien je vous aime et ne vis que par vous. » Et ailleurs encore : « Je ne vis pour ainsi dire qu’imbibé et cerné de toutes parts de votre tendresse. » Puis ce sont des litanies fiévreuses : « Vous êtes ma prière, mon espoir et mon repos. Vous êtes la flamme de ma prière, l’arc-en-ciel de mes souvenirs, l’étoile de mes espérances, le salut de ma foi. » « Jusqu’à ce que j’aie senti votre cœur battre dans le mien, ma vie s’était passée à attendre : attendre quelqu’un qui ne vient pas, comme a dit le poète, et mon cœur s’était changé en pierre. Mais de cette pierre, Dieu tire par vos larmes une source jaillissante et rejaillissante jusqu’à la vie éternelle… Je ne veux ni présent ni avenir mais vous seule. » « Mon âme n’est qu’un monocorde, mais cette corde vibre de tous les infinis. Comme saint Paul qui ne savait que Jésus crucifié, je ne sens que vos souffrances, vos peines, vos résignations, votre espoir et notre amour. »

Lorsque retenu à la ville par quelque répétition d’orchestre, il ne peut passer tout le jour auprès d’elle à l’Altenburg, il écrit — une heure avant de la voir ! — Je viendrai tout à l’heure vous demander la bénédiction de ma journée, et de mes meilleures résolutions. » Et d’un court voyage en Suisse fait de compagnie avec Wagner : « Vous étiez présente sans cesse et partout… Je vous sentais dans chacun de mes nerfs, dans chacune de mes veines. L’œil de mon âme suivait les cils de vos paupières, tantôt à travers les larges ombres que projettent