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LES MAISONS SACRÉES


V


Au sommet de la colline, presque dans la campagne, il est une autre maison encore, fleurie, aimable, gaie — si tragique ! La maison, où à la fin d’un furieux orage, Frédéric Nietzche acheva son mauvais rêve et, doucement, s’endormit.

Les demeures illustres de Weimar ont leurs flammes et leurs grâces ; les rêveries hautaines, tendres y persistent et on y entend distinctement la voix des fantômes furtifs. Ici la plus angoissante énigme suspend la pensée, un silence spirituel règne, que les bruits de la vie ne percent pas. Durant que l’on parle dans cette maison pleine d’un prodigieux mystère, on tend l’oreille, on écoute quelque chose : on écoute le silence absolu, terrible, au fond duquel Nietzsche, brisé par le poids de son génie, se renferma pour attendre la mort.

Mme Förster Nietzsche, gardienne active et passionnée de cette grande mémoire, a réuni les por-