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un voyage

bon nombre de familles régnantes en Allemagne. Puis, il eut trois enfants remarquables.

Charles-Jean, d’abord. À dix-huit ans, ennuyé de la Suède où il n’arrive rien, il court à Paris, mène les plus folles aventures et s’ennuie de nouveau. Il quitte Paris, va offrir aux chevaliers de Malte son service contre les Barbaresques. On l’agrée, le voilà parti. Certain jour, la flotte rencontre un bateau de pirates qui emmenaient à Tanger des captifs chrétiens. On donne la chasse aux pirates. Le vaisseau de Kœnigsmark s’approche du vaisseau musulman, le cramponne. Charles-Jean s’élance le premier, enjambe le bastingage, empoigne une corde, va sauter sur le pont ennemi. Mais, à coups de crocs, les Turcs repoussent la galère de Malte, Kœnigsmark tombe et reste pendu entre le ciel et la mer. Cependant il tient dur sa corde et commence d’y monter. Un coup de cimeterre la tranche, le voilà dans l’eau avec son armure. Il va couler, mourir ? Non, pas lui ! Il nage autour du vaisseau turc, s’agrippe on ne sait à quoi, grimpe on ne sait comment, bondit sur le pont, tombe à grands coups sur les infidèles. Eux croient que des barques qu’ils n’ont pas vues les abordent, que les chrétiens arrivent en force derrière ce furieux qui les sabre. Ils perdent la tête, et, dans leur confusion, interrompent la manœuvre ; les galères de Malte reviennent, les serrent ; ils vont être pris. Les méchants hommes, se voyant perdus, mettent le feu aux poudres. Tout saute, Kœnigsmark avec le reste. Il est mort, cette fois ? N’en croyez rien ! On