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moritzbourg

chemins obscurs du parc, il doit rencontrer l’ombre de Charles-Jean de Kœnigsmark qui, tant d’années plus tôt, a passé là, menant avec lui le page aux beaux yeux, au tendre cœur. Charles-Jean s’est arrêté à Chambord entre deux batailles, et Maurice vient s’y arrêter entre sa vie pleine et brûlante, et sa mort si proche.

Cette mort demeure mystérieuse. Les uns croient solidement que, usé comme il était par de si excessives dépenses d’énergie, un refroidissement suffît à l’emporter. D’autres ne doutent pas que le prince de Conti l’appela en duel dans les fossés du château, et, en lui traversant la poitrine d’un coup d’épée, vengea ses vieilles haines. La fin de Maurice reste enveloppée d’une romanesque atmosphère de secret et de légende, — comme celle de Philippe de Kœnigsmark.

Quoi qu’il en soit, Maurice de Saxe partit content d’avoir vécu. Aux dernières heures, il dit : « La vie n’est qu’un songe. Le mien a été beau, mais il est court. » Il avait su, sans peur, sans souci, sans remords, écraser la grappe des joies et en boire le jus rouge. Les Kœnigsmark savaient tous l’art du bonheur.

Parmi les aventures amoureuses du maréchal, il s’en trouve une dont la mémoire ne devait pas périr : sa liaison avec Mlle de Verrières. C’était une « courtisane » jolie, bonne personne, qui se laissait aimer