Page:Bulteau - Un voyage.pdf/431

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
416
un voyage

fera, je lui ferai. » Je ne sais si le religieux fut jamais béatifié car il ne semble pas s’être utilement occupé de cette guérison. Peu après la goutte eut raison de ce pape si joyeux, qui fut grandement regretté.

Saint Dominique est mort à Bologne, et Bologne l’a gardé. Dans l’église qui porte son nom, le moine espagnol a une très magnifique tombe, où Lombardo et les élèves de Nicolo Pisano ont sculpté les scènes de sa vie. Même on attribue à Michel-Ange l’un des deux petits séraphins qui, à genoux, gardent le beau sarcophage. Toutefois on hésite, tantôt on croit que c’est le séraphin de droite, et puis on suppose que c’est celui de gauche. Probablement, ce n’est ni l’un ni l’autre. Mais ils sont délicatement jolis.

Ce tombeau, de tant de luxe de grâce aimable, et d’une élégance si raffinée, s’accorde mal à l’idée un peu sombre qu’on se fait de saint Dominique. Je sais bien qu’on nous défend de voir en lui le fondateur de l’Inquisition. C’est là une calomnie à laquelle seul M. Homais s’acharne encore. Tout de même, il fut inquisiteur et appliqué à sa tâche ! Lacordaire parle éloquemment de sa douceur. Cependant, Dominique animait de son zèle pieux la croisade contre les Albigeois, — une opération dépourvue d’aménité. — On n’est pas d’accord sur la manière dont il s’occupa pendant la féroce bataille de Muret. Les mauvais esprits demeurent persuadés qu’il marchait