Page:Bulteau - Un voyage.pdf/458

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
443
ravenne

ne pourrai jamais vous convaincre que je ne partage pas les sentiments des héros de ce drame. Toutefois ce qu’ils disent n’est rien si on le compare aux paroles de Faust. Et le Satan de Milton a d’autres hardiesses… Je ne suis pas l’ennemi de la religion, bien au contraire. » Si ! il est l’ennemi de la Religion, et par la bouche de ce Satan il exprime le fond de son âme !

Et quelle vie est la sienne ! Il boit sec — comme tous les Anglais de ce temps-là. Il fait des dettes, il a des maîtresses, — sous la Régence de ce prince sans préjugés qui fut ensuite Georges IV, où l’Angleterre pouvait-elle prendre la pruderie féroce qui l’acharne contre l’amour et la prodigalité ? On se le demande. — Et puis, sa femme l’a quitté, sans dire pourquoi. Lui-même n’en saura jamais le motif. Il était hideux, inexprimable, ce motif. — L’Angleterre, qui ne possède aucun renseignement là-dessus, l’affirme d’une seule voix. — Au résumé, il semble que, fort simplement, lady Byron s’offensa d’être trahie pour une actrice, un peu vite après son mariage.

Byron eut tort de tromper sa femme, de trop boire, de dépenser trop d’argent, d’avoir de l’esprit, du génie, et de l’insolence : toutes choses incorrectes. Mais cela suffisait-il pour soulever l’opinion à tel point qu’on le menaçât d’une avanie s’il allait au théâtre ? Cela suffisait-il pour que, quand moralement chassé, il partit, on eut lieu de craindre que la populace attaquât sa voiture de voyage — une si belle voiture, et copiée sur celle de Napoléon ! —