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un voyage

Il se rasait avec grand soin, ce dandy. Cependant, encore que ses passions inspiratrices fussent brèves, elles étaient violentes. On peut n’être pas le diable et cependant avoir une âme émue. Le génie perturbe l’équilibre ; et puis la mère de Byron était une grande nerveuse, il se connaît quelques ancêtres hypocondriaques : un même semble avoir fini par le suicide. Et lui, il a mal au foie, Dès sa jeunesse il souffre d’une dépression que l’alcool combat et aggrave. Très bon observateur de lui-même, il dit que boire, le « calme », mais le rend sombre, irritable, avide de solitude, point querelleur pourtant « si on évite de lui adresser la parole ». Tous les matins de sa vie, il s’éveille triste. L’abstinence et les exercices physiques pratiqués avec suite à diverses périodes, ne lui font aucun bien, « Seules, les passions violentes, dit-il, m’ont tiré pour un temps de cet état. Tandis qu’elles durent je suis agité, mais je cesse d’être déprimé. » Il est émotif, colère, et ses colères finissent presque en syncopes. Mais avec tout cela, et quoique, aux heures noires, il répète qu’il finira « par le sommet », ce n’est aucunement un fou. Ce n’est même pas un impulsif. Il a une vision claire. Ses amitiés et ses haines durent, car il en sait les motifs. Au milieu des excès, il se garde. Il est pratique, il veille à ses affaires d’argent, sait organiser sa vie matérielle. Le sens qu’il a des réalités demeure vif et exact. Il conserve la fierté de sa caste, et malgré ses invectives contre l’Angleterre, l’orgueil d’être Anglais. Lorsqu’on le prie de changer sa livrée parce