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un voyage

On débrouille mal le caractère de Pio degl’Obizzi. Aucun de ses actes ne s’explique. Il ne paraît pas avoir un grand goût de risquer sa peau ; il est certainement un peu fourbe. Une ombre reste sur lui.

Le temps coule. La radieuse jeune femme mûrit comme une pêche solidement attachée à la branche. Toujours belle, et d’une plus émouvante beauté, elle a quarante ans lorsque se produit un incident de l’aspect le plus banal.

Les Obizzi, voyageant avec le duc et la duchesse de Mantoue, avaient laissé Robert, leur fils aîné, aux soins d’un prêtre, client et ami de la famille : l’abbé Giambattista Cattabeni. L’absence de ses parents, et peut-être la conversation de l’abbé, jettent Robert dans la mélancolie, et il s’ennuie affreusement. Un jour, certain neveu de Cattabeni vient le voir. Ce neveu Attilio Pavanello, le bon abbé l’aime comme ses yeux. C’est son héritier, sa gloire ; il lui croit un grand avenir, et d’ailleurs tous les mérites. Qui mieux qu’Attilio saurait tirer le petit marquis de sa tristesse ! L’abbé présente Attilio. Les jeunes gens se conviennent d’abord. Surtout, Attilio convient à Robert.

Attilio parle bien, son esprit est fertile. Il a de la souplesse, une grâce un peu féminine et pourtant un air de grande énergie. Il est de belle taille, sombre de peau, élégant, avec des manières charmantes. Il organise des promenades, des divertissements. Robert s’amuse et adore ce précieux camarade, guère plus âgé que lui — Robert a dix-huit ans, Attilio ving-trois.