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un voyage

teur à quelques supplices ! Il aura le poing droit coupé ; sera tenaillé au fer rouge ; tiré à quatre chevaux, et décapité. Seulement : il n’est pas là ! Et il n’y était pas la nuit du crime, car, depuis longtemps, les magistrats l’avaient banni, pour un vol, je crois. Quelle raison avait le Conseil des Dix de condamner cet absent ? On ne saurait le dire.

Après cela, Pio degl’Obizzį reprend ses habitudes. La seule différence qu’on remarque, c’est que sa tendresse pour Attilio s’est grandement accrue. Il le charge de toutes ses affaires, de toutes ses dépenses. Attilio — et sans doute, voilà une marque de confiance singulière — mettra en ordre les robes, le linge, les bijoux de la morte… Quelles heures étranges, il dut passer, tandis qu’il maniait ces vêtements, où restait la forme de Lucrezia, où s’attardait son parfum…

Les choses continuent ainsi une année. Elles auraient pu ne changer jamais si Obizzo le frère cadet du marquis, n’y avait pourvu. Il haïssait Pavanello. Soit qu’il le jugeât un parasite trop bien traité. Soit pour d’autres motifs qu’on ignore. Dans cette noire aventure, les motifs de tous restent impénétrables.

Obizzo se met à recueillir des indices. Les femmes de Lucrezia causaient beaucoup, l’une affirma qu’elle avait entendu Pavanello dire, avec un visage hagard : « Depuis que j’ai fait cela, je n’ai plus de repos, » Et elle s’écriant : « Mais qu’avez-vous