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un voyage

rouges ou violettes, et dont les mains paresseuses jouent avec une croix de pierreries. Au soleil couchant, ils venaient — on croit les voir ! admirer l’incomparable décor, prendre un peu l’air, tout en causant de doctes sujets, ou de politique ; et leur luxe, leurs élégances intellectuelles s’harmonisaient au luxe du promenoir suspendu… Saint-François, avec sa pauvre mine, n’eût point fait bonne figure. Mais il était mort, et bien mort quand on bâtit ce glorieux couvent.

C’est lui, saint François, que l’on cherche ici. Et nulle part on ne le trouve. Pourtant, il y a dans le monastère un petit cloître infiniment poétique, et humble à sa manière. Au milieu, le sol est surélevé. Quelques arbres poussent difficilement, et quantité de cyclamens mauves qui sentent si bon ! Ce cloître a un air abandonné, une grâce touchante. Si on l’avait contraint de vivre dans un si riche couvent, François se serait, plus d’une fois, réfugié là pour causer avec les cyclamens, les insectes qui bourdonnent tout bas. Et les oiseaux lui auraient conté leurs histoires.

Je me représente saint François à vingt ans, très pareil aux frêles et jolis jeunes hommes que, deux siècles plus tard, peignait Fiorenzo di Lorenzo. Comme eux, il devait avoir l’expression flottante des êtres qui ne connaissent pas leur volonté. Comme eux, il aimait les beaux habits, et folle-